06 AUG 2019

Donner une deuxième vie aux produits obsolètes

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Le recyclage c’est bien, mais le surcyclage c’est mieux !

Ah, un four en promotion en magasin ! Et quid de cette paire de jeans nouvellement mise en vitrine dans l’autre ? Ou encore le téléphone portable dernier cri qui vient de débarquer sur le marché ?

Un scénario familier pour beaucoup d’entre nous, à l’ère de la consommation à outrance. Une période où les choix se multiplient, les prix se réduisent, rendant beaucoup de produits subitement accessibles. Si cette situation est positive pour le consommateur et l’économie en général, elle pose en revanche un vrai problème quant au sort des produits que l’on n’utilise plus et que l’on remplace. C’est en fait une problématique quotidienne : que faire de sa bouteille de vin vide ? du carton de lait ? de la bouteille d’eau en plastique ? de l’emballage d’un produit acheté en supermarché ? Tous à la poubelle, indistinctement.

À Maurice, contrairement à beaucoup de pays plus développés, le tri des déchets n’est pas une exigence. Ailleurs, où le tri est obligatoire, différentes poubelles sont mises à la disposition des citoyens pour qu’ils séparent le plastique du verre, le papier/carton des métaux et les déchets organiques (pelures de légumes, etc.) de tout le reste. À partir de là, les municipalités collectent les différentes catégories séparément avant de les acheminer vers des entreprises de recyclage.

Ici, les collectivités ramassent tous les déchets indistinctement et les acheminent d’abord vers une station de transfert — il y en a plusieurs — avant de les diriger vers Mare-Chicose, où ils sont enfouis. Même s’il n’y a pas de système de tri officiel, certains individus se rendent aux stations de transfert pour récupérer les déchets recyclables et ensuite les vendre à des entreprises de recyclage. Le reste est transporté vers Mare-Chicose, qui est rapidement en train d’arriver à un niveau de saturation certain.

Une quantité de plus en plus importante de plastique et de papier/carton est en train d’être « sauvée », en grande partie grâce aux bennes mises à disposition, principalement par Mission Verte, un peu partout dans l’île (en particulier dans l’enceinte de supermarchés).

Sébastien Raffray, manager de Mission Verte, explique qu’un premier tri est effectué sur place et que les bouteilles PET sont acheminées par l’association vers Polypet Recyclers. Cette entreprise mauricienne les réduit en granules pour ensuite les exporter vers l’Afrique du Sud, où ils seront transformés.

« Les autres produits en plastique comme les conteneurs de liquide vaisselle, d’eau de javel, etc. sont, eux, déposés à Riche-Terre et une fois la quantité suffisante collectée, l’entreprise Surf Rider vient les récupérer », explique Sébastien.

Et c’est là que le processus de recyclage se transforme en surcyclage. Le surcyclage, ou upcycling, est l’action de transformer les déchets en quelque chose de nouveau et utile. Surf Rider transforme le plastique qu’elle collecte en meubles de jardin, en clôtures et autres objets utiles, faisant ainsi du surcyclage.

À Bel-Ombre, c’est exactement ce que Plankton entreprend depuis 2011. La coopérative collecte des bouteilles en verre des hôtels de la région et les écrase dans une machine spéciale pour produire une poudre qui est ensuite utilisée comme filtre pour piscine ou comme sablage (pour nettoyer les coques de bateaux ou murs). Mélangée à du ciment ou à d’autres produits, celle-ci sert aussi comme pavage ou décoration pour sols.

Les exemples d’upcycling abondent partout dans le monde et représentent des idées de Green Business intéressantes puisqu’elles utilisent principalement des matériaux recyclés et recyclables. Mais Daisy Yip Tong-Grenade, de The Good Shop à Calebasses, estime que le concept d’upcycling — et son potentiel — n’est pas encore bien compris à Maurice. L’idée de ce magasin, qui a ouvert ses portes en décembre dernier, est de ne pas jeter ce dont on n’a plus besoin, mais de lui donner une seconde vie en le transférant à quelqu’un d’autre. Ainsi, les gens déposent tous les objets dont ils ne se servent plus à The Good Shop, où ils sont exposés pour la revente. Les recettes sont versées à de bonnes causes.

Un manque d’artisans

Si le concept a été un franc succès — tous les produits exposés sont de bonne qualité et vendus à petits prix –The Good Shop s’est retrouvé face à un problème fondamental : que faire des produits — vêtements, chaussures, objets de décoration, électroménager, etc. –qui ne sont pas en état d’être vendus ?

« Idéalement, on les surcycle et il y a effectivement des organisations qui fabriquent des sacs à partir de vieux vêtements, ou de voiles de surf, etc. mais il n’y en a pas assez et pas pour tous les produits », explique Daisy.

Ce qui manque aussi, ajoute-t-elle, ce sont des artisans tels que des cordonniers, réparateurs de produits électroménagers, couturiers, etc. qui pourraient donner une deuxième vie à ces objets qui finiraient autrement à Mare-Chicose, amplifiant ainsi le problème de saturation. Ou alors dans des rivières, provoquant d’autres problèmes. Si des organisations comme Gran Masinne et BEM Recycling acceptent de prendre des produits tels que de vieux réfrigérateurs, fours à micro-ondes, ordinateurs, imprimantes, téléphones portables, etc., le réflexe de recycler ces objets n’a pas encore fait son chemin à Maurice.

Et pourtant, le business de l’upcycling, qui crée une économie circulaire, commence à devenir profitable ailleurs.

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