20 JUN 2019

Et si l’herbe était plus verte ici ?

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La MCB se veut un agent de changement dans la trajectoire économique du pays en inspirant, en stimulant et en aidant les entreprises locales à se développer. Le but : atteindre un degré d’autonomie et construire ensemble une économie résiliente et durable dans un monde devenu imprévisible.

Développer encore plus notre économie locale pour pouvoir faire face à un avenir incertain ; le sujet était au centre des débats lors de la conférence
Lokal is Beautiful au Caudan Arts Centre le mercredi 23 janvier, à l’initiative de la Mauritius Commercial Bank (MCB).

Le but était de présenter aux principaux acteurs des secteurs public et privé du pays les conclusions d’un rapport commandité par la MCB sur la situation économique du pays et la fuite des revenus. Le rapport, intitulé Lokal is Beautiful propose aussi des solutions aux problèmes auxquels fait face Maurice, qui se retrouve à la croisée des chemins.

Car les projections indiquent que si l’économie mauricienne continue son mouvement sans se remettre en question, avec une croissance annuelle de 3–4 %, ce n’est que vers 2035 que le pays pourra aspirer à doubler son revenu par habitant.

Mais même cette projection est incertaine à cause de cette quasi-dépendance aux revenus internationaux (qui quittent très vite le territoire pour payer nos importations) en ces temps d’incertitude de l’économie globale.

Le rapport Lokal is Beautiful, réalisé par le cabinet de conseil Utopies, propose donc une solution durable pour Maurice : développer de nouveaux services, soutenir la créativité locale, faire émerger des collaborations entre entrepreneurs et stimuler la production locale avec le Made in Moris, entre autres. Des mesures qui permettront au pays de réduire ses importations, mais surtout de créer de la richesse en faisant circuler l’argent localement.

Autant de possibilités qui ont été discutées lors de cette conférence. D’abord avec un expert mondial en économies locales, l’Américain Michael Shuman, qui explique que c’est la production locale des biens et services qui génère une prospérité durable, ajoutant que la tendance à travers le monde est un retour vers les produits locaux et à faible empreinte carbone.

Gilbert Rochecouste, Mauricien vivant en Australie et expert en placemaking (fabrique de l’espace), explique, quant à lui, qu’il est d’autant plus important de revoir notre stratégie économique que le monde et ses habitudes de consommation sont en train de shifter lentement mais sûrement vers la shared economy ; ce qui veut dire que l’achat en masse de produits laissera bientôt la place à l’achat de services et d’expériences. Et que les produits achetés seront plutôt ceux qui ont été recyclés et réutilisés — créant donc une opportunité pour repenser le marché.

Mais si l’idée de se focaliser sur le local est alléchante — elle a d’ailleurs été saluée par tous les participants à la conférence –, est-elle réalisable ?

Un panel constitué d’acteurs locaux, est unanime — oui, c’est possible mais il y a encore des défis à surmonter. Celui-ci était composé de Jean-Michel Pitot, du groupe Attitude, Cédric de Spéville, du groupe Eclosia, Lawrence Wong de La Trobe Ltd, Yugnesh Gowreesunker, d’Island Milk & Allied Products Ltd et Raoul Gufflet, de la MCB.

Ce sont des défis connus de tout entrepreneur mauricien : une incapacité des producteurs, dans l’agroalimentaire ou d’autres secteurs, d’assurer durablement la sécurité d’approvisionnement en matières premières — que ce soit dû aux calamités naturelles ou autres. Jean-Michel Pitot affirme qu’il est important de réfléchir à une façon de permettre aux entreprises locales de créer une relation durable avec les producteurs locaux.

Autre défi : l’inexistence de la production locale dans certains secteurs. À titre d’exemple, Cédric de Spéville explique que son entreprise produit des yaourts à partir de lait en poudre importé.

« On aurait aimé utiliser le lait frais produit localement, mais il n’y a pas de production adéquate de lait à Maurice », explique-t-il.

Comment expliquer cela ? Une participante à la conférence tente une explication : « Il y a beaucoup d’entrepreneurs en herbe qui auraient voulu se lancer, mais ils n’ont pas les contacts qu’il faut, ils ne savent pas comment s’y prendre, etc. et donc, leurs idées sont mort-nées », dit-elle.

Ce qui fait réagir Michel de Spéville, fondateur d’Eclosia. Il propose aux industriels et aux entrepreneurs de mettre sur pied un organisme afin d’aider les aspirants entrepreneurs et de les accompagner dans cette aventure difficile mais ô combien enrichissante.

Mais il n’y a pas que des défis. Lawrence Wong et Yugnesh Gowreesunker évoquent cette solidarité entre entrepreneurs depuis la création du label Made in Moris. Le networking entre producteurs et fournisseurs locaux fait que même si s’approvisionner localement peut coûter un peu plus cher, les avantages en termes de flexibilité dépassent de loin les inconvénients.

Bref, que du potentiel.

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