22 FEB 2020

Mieux comprendre le changement climatique

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Le changement climatique : Tout le monde en parle, mais de quoi parle-t-on exactement? Voici tout ce que vous devez savoir sur l’urgence climatique.

Réchauffement climatique — qu’est-ce qui chauffe exactement ?

On parle ici de la hausse de la température de surface de la planète. On compare les températures actuelles aux températures préindustrielles (avant 1850). Par rapport à cette période, la température a déjà augmenté de 0,8°C à 1,2°C. Cette hausse de température bouleverse le fonctionnement du climat et provoque des phénomènes climatiques extrêmes comme des sècheresses intenses, des cyclones plus fréquents et plus intenses, des inondations et une élévation accrue du niveau de la mer, entre autres. Si rien n’est fait, la planète connaîtra une hausse de température entre 4°C et 7°C d’ici à 2100 — un scénario catastrophique qu’il ne vaut même pas la peine d’envisager.

La communauté scientifique pense que si nous arrivons à contenir la hausse de température à 1,5°C, la situation, quoique grave, resterait maîtrisable. Par contre, si elle dépasse 2°C, les conséquences climatiques échapperont à tout contrôle. Notre marge de manœuvre est donc extrêmement limitée.

Pourquoi ça chauffe ?

Le climat change parce que la planète se réchauffe. Ce réchauffement est causé, entre autres, par le dioxyde de carbone qui émane de nos activités sur la planète, d’où le terme « émissions de carbone ». Mais ce n’est pas que les émissions de CO₂ qui sont nuisibles. Il y a en tout six gaz à effet de serre (GES) qui sont rejetés dans l’atmosphère et qui sont issus des activités humaines — l’utilisation massive de combustibles fossiles (charbon, gaz, pétrole), la déforestation, l’élevage et l’agriculture intensifs. Ces activités produisent de grandes quantités de GES qui se concentrent dans l’atmosphère. Et c’est parce qu’il y a trop de GES dans l’atmosphère que la planète se réchauffe et le climat se dérègle. Le méthane (qui est 23 fois plus chaud que le CO₂), l’oxyde d’azote et le dioxyde de carbone sont les trois GES les plus communs.

Le gaz qui est rejeté dans l’atmosphère est un gaz qui n’a pu être absorbé. Et c’est là le cœur du problème : nous produisons trop de gaz à effet de serre.

Comment contenir le réchauffement ?

La réponse est simple, en théorie– il faut réduire les émissions. Comment s’y prend-on ? On identifie les causes — utilisation des énergies fossiles, déforestation, élevage et agriculture intensifs, entre autres — et on change nos habitudes. En pratique, ce n’est pas aussi simple ; des empires et des économies ont été bâtis sur ce modèle de développement. Les lobbies en faveur du statu quo sont puissants alors que la remise en question a un coût. La bonne nouvelle, c’est qu’il y a finalement une prise de conscience par rapport aux limites de la planète. Mais cette bonne nouvelle a un prix, car les effets destructeurs du changement climatique sont déjà là et font désormais partie de notre réalité.

Quel est le plan d’action ?

Les gouvernements et États sont désormais mobilisés. En théorie. La route a été longue et semée d’embûches faute de consensus. Vous avez probablement déjà entendu parler du protocole de Kyoto, qui a ensuite laissé place à l’accord de Paris. Le protocole de Kyoto a été signé en 1997, mais il a fallu attendre 2005 pour que toutes les conditions soient réunies pour son entrée en vigueur ! Cela donne une indication des conditions et des désaccords entourant les négociations. Au cœur des divergences, la répartition du fardeau de l’effort entre les pays riches et les pays en développement.

Ce protocole visait à contraindre les pays industrialisés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d’au moins 5 % de 2008 à 2012. Au final, l’on estime à 4 % la baisse des émissions des pays signataires du protocole.

Ce protocole a ensuite été remplacé par l’accord de Paris il y a cinq ans. C’est aujourd’hui un fait que celui-ci est dépassé et que même si tous les pays respectaient leurs engagements — ce qui est bien loin d’être le cas avec sept pays du G20 qui n’y arriveront pas et le retrait du deuxième plus gros émetteur, en l’occurrence les États-Unis — on ne parviendra pas à contenir le réchauffement à 2°C et encore moins à 1,5°C. La Banque mondiale estime qu’à ce rythme, on arrivera à une augmentation de 4°C d’ici à la fin du siècle.

Quelle est la différence entre 2°C et 4°C ?

C’est une question de vie ou de mort. Pour un peu plus de perspective, voyons la différence entre une augmentation de température de 1,5°C et 2°C. À 1,5°C, 70 % des coraux vont mourir. À 2°C, ils seront tous mort. À 1,5°C, les insectes perdront la moitié de leur habitat, à 2°C, ils en perdront le double. À 1,5°C, 6 millions de personnes seront affectées par la montée des eaux. À 2°C, elles seront 10 millions.

Maintenant, si la hausse de température est de 4°C, cela voudra dire qu’en certains endroits, elle sera de 5°C, voire de 7°C ou 9°C par moments. Nous nous retrouverons dans un monde dont une grande partie ne sera plus habitable parce qu’elle sera trop chaude, trop inondée ou trop sèche. Un scénario qui ressemble à ce qui s’est passé en Australie récemment, avec une température de 48°C. Ce qui voudra dire que les gens migreront par millions. Le scénario catastrophe a d’ailleurs déjà commencé en Indonésie, par exemple, qui a bougé sa capitale Jakarta de l’île de Java, qui est en train de couler, vers l’île de Bornéo.

Pourquoi est-ce si difficile de mobiliser les gens ?

Parce qu’on ne ressent pas les conséquences de nos actions tout de suite. Les effets actuels du changement climatique sont les conséquences des émissions de nos parents ou de nos grands-parents. Nos émissions à nous seront ressenties par nos enfants ou nos petits-enfants. L’autre difficulté, c’est qu’il n’y a pas de lien entre les émissions d’un territoire et les effets que subira ce dernier. En général, les plus gros émetteurs sont les moins vulnérables aux effets du changement climatique. Et les petits émetteurs comme Maurice y sont très vulnérables.

Maurice est-elle vraiment menacée ?

Oui. Nous sommes un peu mieux protégés que les Maldives, par exemple — à cause de notre relief montagneux — mais le World Risk Report estime que nous sommes 7es sur la liste des pays les plus exposés aux catastrophes naturelles et 13es au rang des pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique. Nous sommes exposés aux catastrophes naturelles parce que nous nous trouvons dans une zone de cyclones et parce que nous sommes à faible altitude, ce qui nous rend vulnérables à la montée des eaux. Nous sommes 13es en termes de vulnérabilité parce que nous sommes relativement mieux préparés que d’autres pays et que nous avons des ressources pour nous aider à gérer ces catastrophes.

Tout cela a bien évidement un prix. On estime que les inondations coûtent au pays en moyenne USD 27,2 millions par an — en termes de dommages directs et interventions d’urgence. D’ailleurs, le service des pompiers affirme avoir effectué 12 600 interventions en 2018, contre 10 700 en 2017. Ils affirment que l’augmentation est due aux inondations.

Les cyclones, eux, coûtent au pays en moyenne USD 112 millions par an. Puisque le changement climatique veut aussi dire augmentation de la fréquence et de l’intensité des cyclones, un cyclone rare mais intense coûterait au pays jusqu’à USD 1,9 milliard.

À noter aussi que la mer à Maurice et à Rodrigues monte à un niveau plus élevé que la moyenne mondiale. Rien qu’autour de Port-Louis ces dix dernières années, la mer est montée à un rythme de 5,6 mm par an, alors qu’à Rodrigues, le taux était de 9 mm par an. La moyenne mondiale est de 3,2 mm par an.

L’érosion côtière est aussi en train de nous faire perdre des plages un peu partout autour de l’île, une réelle menace pour le secteur touristique. À Pointe-aux-Canonniers, par exemple, on a perdu jusqu’à 18 m de plage par rapport à 1967, avec une moyenne de 10 m.

À Rivière-des-Galets, c’est la vie d’une centaine de familles du village qui est directement menacée. Les inondations côtières deviennent un phénomène régulier en raison de la fréquence accrue des fortes houles du sud. Deux murs de protection ont été érigés ; s’ils ont permis de réduire les effets des vagues, ils n’ont pas empêché le déferlement des houles et l’inondation du village.

Quels autres effets du changement climatique ressent-on à Maurice ?

Les effets du changement climatique se font ressentir sur le secteur de la pêche depuis plus de dix ans, avec pour résultat une baisse de productivité et de disponibilité du poisson. Entre 2009 et 2010, les prises de poisson du littoral avaient diminué de 2,6 % alors que celles issues de la pêche sur les bancs avaient baissé de 26,5 %. Quant à la production de poisson, pour la même période, elle a diminué de 19,1 %, passant de 6 978 tonnes à 5 647 tonnes.

Il va sans dire que ce problème ira en empirant avec l’acidification des océans à cause de l’absorption du carbone dans l’atmosphère. Ceci a un effet destructeur sur la vie marine, dont les coraux. L’acidification des océans perturbe aussi les poissons qui, selon un article du Monde, « perdent leur instinct de survie, allant même jusqu’à être attirés par leurs prédateurs, au fur et à mesure de l’acidification des océans causée par le réchauffement climatique ».

Mais ce n’est pas que le stock de poisson qui diminue. Le changement climatique affecte aussi la capacité d’un territoire à produire de la nourriture. Le Climate Change Adaptation Policy Framework, un document du ministère de l’Environnement qui date de 2012, prévoit que la production agricole pourrait diminuer de 20 % à 30 % à moyen et long termes en raison de la variabilité des pluies et de l’augmentation des températures.

Que faut-il faire ?

Si l’on veut prévenir des dommages irréversibles, il faudrait diviser par trois les émissions de CO₂ d’ici à 2050. Sinon, on produit plus que ce que les écosystèmes sont capables d’absorber. Cela veut dire qu’il nous faut viser la neutralité carbone. Cela peut être atteint sans pour autant affecter la croissance économique. Au contraire, une nouvelle économie verte peut naître de cette contrainte environnementale.

Pour commencer, diminuer notre consommation d’énergie en réduisant nos importations. Cela nous forcera à produire localement autant que possible ou alors à réduire les distances d’importation et à favoriser un circuit régional.

Recycler tout ce qui peut être recyclé — soit pour le transformer en quelque chose de complètement différent ou l’utiliser comme matière première pour d’autres produits — c’est ce qui s’appelle l’économie circulaire. Une économie circulaire permet des économies d’émissions conséquentes, car ce sont autant d’émissions qu’on aura évitées en n’important pas des matières premières issues des énergies fossiles et dont la fabrication aura produit des émissions.

Réduire drastiquement les énergies fossiles en faisant monter à 90 % en 2050 la part des énergies moins carbonées, ce qui ouvrira la voie à de nombreuses innovations technologiques.

Enfin, compenser ce qui ne peut être réduit en créant de nouveaux puits de carbone, qui contribueront à la richesse de nos écosystèmes, à la résilience de notre économie et à la beauté de notre pays.

C’est quoi un puits de carbone ?

Des puits de carbone naturels sont des réservoirs qui absorbent le carbone qui est relâché dans l’atmosphère. Il peut s’agir de forêts, des sols végétaux, des océans, des algues, des mangroves — bref, tous ces écosystèmes qu’on a pendant longtemps détruits en pensant qu’ils ne valaient pas grand-chose. Ce carbone est alors piégé dans de la matière vivante et séquestré plus ou moins durablement dans de la matière organique morte. Les puits de carbone contribuent à diminuer la quantité de CO₂ dans l’atmosphère et ont donc un effet bénéfique sur le climat planétaire.

Aujourd’hui, la résurrection de ces puits de carbone est devenue un enjeu économique dans le sens où des entreprises peuvent investir dans des fonds ou projets qui visent à restaurer les puits de carbone naturels ou à développer des puits de carbone technologiques (utiliser la technologie pour séquestrer le CO₂ afin qu’il n’aille pas dans l’atmosphère). C’est ce qu’on appelle la compensation carbone.

Que puis-je faire en tant qu’individu ?

Si l’État et les entreprises ont un rôle important à jouer dans la réduction des émissions, le rôle de l’individu est tout aussi essentiel. Car ce sont ses habitudes de consommation et de comportement qui sont à la base de toute une industrie. Il ou elle peut :

· modifier ses habitudes alimentaires et consommer moins de viande (la production de viande émet beaucoup de gaz à effet de serre),
· privilégier des produits alimentaires locaux. Les produits importés représentent un taux d’émission conséquent, que ce soit en termes de transport ou de fabrication — on appelle cela les « émissions en amont »,
· limiter le recours à la voiture individuelle autant que possible et privilégier les transports en commun et les modes de transport doux (marche, vélo, etc.),
· adopter des gestes écologiques pour réduire la consommation d’énergie et d’électricité (à la maison, éteindre les lumières, utiliser moins de climatisation, etc.), et
· consommer moins d’objets neufs (dont la production génère beaucoup de gaz à effet de serre) et privilégier la réutilisation, la réparation et le réemploi.

Pour en savoir plus, visitez la page klima.mu

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